samedi 26 janvier 2013


Dans le genre série américaine...
Du pur Djian qui nous décrit là un monde cruel et fascinant où les hommes, pour la plupart complètement fêlés,  se déchirent et s'aiment.

Petit extrait, pris un peu au hasard dans le tome 1 :
"Lorsqu'il appris qu'il était  grand-père et qu'Irène le lui avait caché pendant vingt ans, il repoussa son baba à peine entamé et, oubliant qu'il avait arrêté de  fumer, il chercha ses cigarettes.
Il fut incapable de fermer l'oeil de la nuit. A l'aube, il monta sur la terrasse qui sortait à peine des ténèbres et profita de la piscine déserte. Il nagea sans  s'accorder la moindre pause jusqu'au matin, virant d'un bord à l'autre comme entre les barreaux d'une cage."



Vous pouvez désormais dévorer d'un coup les 6 saisons puisqu'elles sont réunies en un seul volume ! :)



vendredi 25 janvier 2013


"Et tandis que tu tissais et détissais ta toile, 
c'est d'amour vague et odorant, 
mêlé de mer, de nuit et d'aube, 
que tu rêvais,
 ignorante d'où viendrait l'homme, 
mais toujours en attente de lui,
le souffle élargi au vent du désir 
comme la voile poussée sur les flots." 



Que dire de ce livre magnifique d'Annie Leclerc...
à part qu'il FAUT  ABSOLUMENT l'avoir 
dans sa bibliothèque 
(ce pourquoi je ne le prête pas à mes amies ... je l'offre ! ;)


mercredi 23 janvier 2013

Il nous parle d'un temps que les moins de vingt ans...

"Remonterais-je le fleuve de mes années,
vers la source de nos rires et de nos pleurs"
Plus courageux que ce Lord Byron de George Gordon, Philippe Lacoche ne se pose même pas la question. Il remonte son fleuve, à contre courant, avec brio.
Un roman à dévorer sans reprendre son souffle. Une atmosphère particulière, une nostalgie qui nous enveloppe. L'auteur nous embarque dans les flots de ses souvenirs, et nous le suivons volontiers dans les dédales ruisselant de sa mémoire.



mardi 22 janvier 2013

Un roman richement documenté (articles, essais, discours, correspondance et interviews inédites), avec nombre de réflexions fines et pertinentes, dans lequel, certes, on ressent l'importance pour Pierre Juquin de ne rien laisser dans l'ombre, mais qui engendre  parfois, de terribles longueurs d'après moi... 
L'auteur nous livre, dans les moindres détails, jusqu'aux aspects les plus intimes, les plus sombres, de l'existence de Louis Aragon, à commencer par sa naissance, certifiée le 3 octobre 1879 (date approximative), en tant que "fils de père et de mère non dénommés". Une famille toute entière qui lui dérobe son identité, le faisant passer pour "fils d'amis décédés, et adopté" ou "enfant trouvé".
Ce petit Aragon qui a entretenu pendant 20 ans une relation frère-sœur ambiguë avec Marguerite, sa mère biologique, et qui croyait que son père était son "parrain"...comment a-t-il pu dépasser ses douleurs enfouies? 
Aragon (nous éviterons le "Louis", prénom royal, qu'il rejetait), né de l'obscurité, nous illumine pourtant magnifiquement de ses mots. Bel exemple de résilience à travers laquelle on peut aisément imaginer l'importance primordiale de la lecture et de l'écriture. L'écriture comme empreinte maternelle, puisque Marguerite, sa "mère-sœur", écrivait elle aussi.
Aragon lisait tout ce qui lui tombait sous la main et écrivait tout le temps. "Je ne me souviens pas d'un temps où je n'ai pas écrit" affirme-t-il. Avant même de connaitre son alphabet, Louis aurait dicté des textes à ses tantes qui l'encourageaient. Plus grand, il écrivait partout, "sur n'importe quoi, le papier, les murs, avec une passion violente". En écrivant, "il salissait tout, les nappes, les cabinets qu'on vient de repeindre, l'intérieur des placards. C'était infernal". Ce jeu " l'enflammait ".
Le mot "style" chez Aragon a un double sens : façon d'écrire ; façon de vivre. "La vie vaut la peine d'être vécue, si on ne se résigne pas à la bêtise bourgeoise. Avant tout mettre en accord ses actes et ses paroles. Ce n'est pas seulement ce que l'écrivain dit qui compte, mais ce qu'il fait. On appellera bientôt cela, d'un mot qu'Aragon déteste : l'engagement. Ce faisant, se tourner vers autrui. Malheur à l'intellectuel solitaire ! Il n'y a pas de place pour celui qui n'aime pas les autres humains. Contre la dureté du cœur, contre l'égoïsme de classe, Aragon en appelle à la fraternité."
L'histoire personnelle, affective d'Aragon m'a touchée profondément (un peu dommage tout de même qu'il faille tant farfouiller parmi toutes ces informations pour trouver l'homme derrière le militant communiste). Je reconnais avoir surtout été intéressée, passionnée, par les aspects humains égrenés au fil du roman, l'Aragon politique éveillant moins ma curiosité, même s'il est évident que la naissance du communiste a fait de ce poète-écrivain un militant acharné dont l'œuvre sera complètement inspirée par les actions menées.
Corps et cerveau, Aragon est en mouvement, toujours. "Aragon ne reste jamais en place. Il est intolérablement remuant, et il a besoin pour parler, pour discuter, de remuer, de marcher de long en large, et quand il arrive au bout de la pièce, de faire une pirouette [...]. Entre deux phrases on peut voir qu'il a des cheveux gris et un visage très mince. Comme son corps, très délié, très vivant, avec une vitalité, une vivacité, c'est le mot juste, qui est un peu épuisante pour tout son entourage." Joli portrait brossé par Claude Roy qui fut très proche d'Aragon.
Cet homme, instable et tourmenté, se laissera séduire par Elsa, jeune femme "cabossée par la vie", "libérée, dotée d'une culture rationaliste et raffinée, engouée des arts et passionnée de livres, aimant le théâtre, ouverte aux nouvelles cultures [...], ayant l'usage du monde et une curiosité sans limite [...] Mais elle est déracinée, nomade. Elle est sans ressources et cherche une place dans la société, la dépression la mine. C'est l'anti-femme fatale." Cette rencontre, Aragon en fera un mythe édifiant. Mais "la vie quotidienne se dérobe au mythe". 
Il n'est pas d'amour heureux... 
Dans une lettre sublime adressée à son amant, Elsa livre son désespoir et ses déceptions : "Je te reproche de vivre depuis trente-cinq ans comme si tu avais à courir pour éteindre un feu. Dans ta course, il ne faut surtout pas te déranger, ni te devancer, ni t'emboiter le pas, ni te suivre [...] il ne faut surtout pas s'aviser de faire quoique ce soit avec toi, ensemble." Elsa parle de cet homme qu'elle aime comme d'un monstre d'égoïsme qui la rend terriblement malheureuse...et si seule. Alors qu'Aragon, constamment en activité et épuisé, sombre lui aussi.
De leur amour, Aragon dira ces mots : "pour autant que j'en puisse juger, tout amour est toujours menacé. Menacé par le temps, par le mal physique, par les malentendus, par les autres, par l'évènement, l'absence, la misère. [...] Rien n'est fragile comme ce lien de l'homme et la femme. Il suffirait de si peu pour que cela se brise et qu'on meure."
Même si la lecture de ce roman très historique m'a semblé parfois ardue et manquant de légèreté, je compte bien ne pas me laisser impressionner par le tome 2 ! ;) 
Aragon disait lui-même : " la critique devrait, en matière de littérature, être une sorte de pédagogie de l'enthousiasme ". Alors enthousiasmons-nous ! :)

Des Vies qui se croisent, se rencontrent ou se fuient. 
Des êtres à fleur de peau, des oiseaux rares mais si proches de nous pourtant. 
Un roman original qui se lit, se vit, avec grand plaisir.

lundi 21 janvier 2013

"L'anti-journal" d'un écrivain fictif. 
Les commentaires quotidiens d'Oscar Dufresne sur sa propre vie sont à mourir de rire.
Égoïste certes, l'écrivain people est aussi cynique et obsédé sexuel.
A lire, à relire ... les jours de grand cafard ! ;)


Louki, secrète héroïne, fuit, toujours plus loin. Fuit son enfance, se fuit elle-même.
"Je marchais, impatiente d'arriver au bout, là où il n'y avait plus que le bleu du ciel et le vide."
Quatre voix vont se succéder pour nous parler d'elle, de la jeune fille qu'elle était, de son chemin de vie.

Sur l'amour des hommes...
Camille Laurens nous parle, avec tendresse, cruauté, ironie, passion ... des hommes qui ont traversés sa vie : l'éditeur, l'acupuncteur, le père, le mari, le grand-père, l'amant de la mère, le grand-oncle, le professeur ... Et surtout, elle nous raconte ces moments "seule avec lui". Lui, cet homme qu'elle a décidé de séduire, cet inconnu "qui s'est révélé être, par le plus grand des hasards, psychanalyste...ce qu'on appelle un heureux hasard"...

Une salle de classe pour des instants de vie.
Jean-Philippe Blondel parle enfin de lui. Il nous invite à le suivre dans son quotidien, la salle G229. 
Professeur, un métier-passion pour cet homme d'une profonde sensibilité, générosité.
Cette lecture m'a ému, donné des frissons, peut-être parce que j'y ai retrouvé des bouts de moi.
Vous aussi, vous pourrez retrouver dans cette salle de classe une petite parcelle de vos jeunes années. Qui n'a pas, un jour, rencontré un de ces enseignants qu'on n'oublie jamais, parce qu'il a su nous donner la curiosité, l'envie d'apprendre...


LE livre de l'Amour 
Un beau juif de Céphalonie va séduire à la folie, la sublime Ariane, mariée à un pauvre bougre...
Une écriture incroyable, d'une intense liberté, des mots qui ne nous lâchent plus, un vrai suspens. 
Un livre qu'on lit et relit, un livre de chevet, LE roman idéal pour les longues nuits d'insomnie.